4ème de couverture :
Alger - fin des années 80. Parce que les islamistes qui recrutaient dans l'énorme réservoir de jeunes gens vulnérables ont su l'accueillir et lui donner le sentiment que sa vie pouvait avoir un sens, parce que la confusion mentale dans laquelle il était plongé l'a conduit à s'opposer à ses parents, à sa famille, à ses amis et à perdre tous ses repères, parce que la guerre civile qui a opposé les militaires algériens et les bandes armées islamistes fut d'une violence et d'une sauvagerie incroyables, l'abominable est devenu concevable et il l'a commis.
Mon avis :
J’ai entendu et lu tellement de choses sur Yasmina Khadra ( et pas toujours des compliments) que j’ai longtemps hésité à le lire. Et puis je me suis enfin décidée avec ce titre A quoi rêvent les loups que j’ai choisi notamment à cause de son sujet. L’action se passe en Algérie pendant la sinistre décennie noire. On suit Nafa, un jeune homme de pauvre condition qui rêve de devenir acteur, dans sa marche progressive vers le terrorisme.
J’ai bien aimé ce roman. Mes premières craintes concernaient surtout le style de l’auteur. J’ai lu pas mal de critiques qui reprochaient à Khadra son style ampoulé tombant dans l’exagération avec usage de qualificatifs non appropriés ( aux dires des lecteurs), bref d’après eux, Khadra en fait trop, cherche à impressionner le lecteur par l’utilisation d’un vocabulaire peu commun.
Et bien moi, je n’ai rien eu à reprocher à ce style. Je n’ai pas trouvé que c’était exagéré et je n’ai remarqué aucune formulation biscornue ou quoi que ce soit du genre.
Au contraire, j’ai trouvé son style très imagé et j’ai en particulier beaucoup apprécié un passage où il décrit une Alger gangrenée par les mouvements islamistes. Ce passage est magnifiquement bien écrit, il y a de la force, du panache, de la violence même, la forme reflète parfaitement bien le fond.
Quand au sujet, je l’ai trouvé vraiment bien traité. Yasmina Khadra décortique tout le mécanisme qui a mené Nafa vers le terrorisme. Il nous décrit les conditions qui ont formé le terreau nécessaire à la naissance et l’expansion des mouvements islamistes ainsi que les procédés utilisés pour rallier la population. Il montre comment étaient organisés ces mouvements et illustre leur mode de fonctionnement, de gestion nous fournissant des détails sur l’organisation, l’intendance de ces groupes.
J’ai compris beaucoup de choses grâce à ce roman et notamment comment les islamistes ont pu prendre ainsi le contrôle d’un pays et aussi comment ils l’ont perdu.
J’ai été surprise par les multiples visages que se donnaient ces extrémistes. D’abord solidaires au point de ne jamais laisser tomber l’un des leurs, les luttes pour la tête du mouvement, l’arrivisme et la soif de gloire de certains dévoilent le mécanisme de règne par la terreur qui se cache derrière la façade dorée. Les discours semblent alléchants mais les actes sont répugnants et inhumains.
La seule chose que je déplore c’est que le roman soit trop court. Je n’arrive pas à me familiariser avec les personnages quand un roman fait moins de 400 pages. L’avantage c’est qu’on entre dans le vif du sujet assez rapidement et que l’auteur va droit au but mais j’aurais aimé encore plus de détails, plus de romanesque surtout et plus de sensations.
Finalement, je suis plutôt contente de cette première rencontre avec Yasmina Khadra qui m’aura fait oublier tous les avis négatifs que j’avais lus sur son compte jusqu’à présent.