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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 20:05

blondeDeuxième roman de Joyce Carol Oates à mon actif avec Blonde, roman qui se voudrait biographie romancée de Norma Jeane Baker alias Marilyn Monroe bien que l’auteur prenne la peine de préciser en début d’ouvrage que de nombreux points ne sont dus qu’à son imagination et que son roman ne saurait donc être considéré comme étant une biographie exacte de Norma Jeane.

 

Comme pour Les Chutes, j’ai retrouvé dans Blonde la plume délicate, précise de Joyce Carol Oates ainsi que son souci de détailler en profondeur la psychologie de ses personnages. Et quand il s’agit de décrire dans ses détails la progressive descente aux enfers de celle qui fut Marilyn, Joyce Carol Oates entraîne son lecteur avec elle.

Bien que le récit se déroule de façon chronologique, Joyce Carol Oates a construit sa narration de façon très variée, alternant les points de vue et les narrateurs tout en modifiant son style et en l’adaptant au personnage. C’est simple, lorsqu’elle faisait parler un homme j’avais réellement l’impression que c’était un homme qui l’avait écrit.

Par cette façon de procéder, le lecteur devient omniscient, il connaît ainsi toutes les pensées de Norma Jeane mais aussi celles de son entourage. Oates nous permet donc de comparer la véritable personnalité de Norma Jeane à l’image qu’ont les autres d’elle. On se rend compte ainsi de l’énorme fossé entre les deux.

 

A l’image de sa mère atteinte de schizophrénie , Norma Jeane se nourrit de ses différents rôles au cinéma, elle les habite. Mais son rôle le plus important, c’est celui de Marilyn. Lorsque Norma Jeane doit tourner ou se montrer en public, elle se transforme en Marilyn, personnage pourtant très différent de ce que Norma est vraiment. Cet effacement de la personnalité apparaît d’ailleurs dans l’utilisation par l’auteur de qualificatifs pour désigner ses personnages. Norma Jeane est ainsi « L’Actrice Blonde », Arthur Miller n’est que « Le Dramaturge », Di Maggio «  L’Ex-Sportif » etc…

 

Cette lecture m’a beaucoup touchée. Il faut dire qu’avec 1110 pages, on a le temps de s’attacher aux personnages. Mais il faut reconnaître que Norma Jeane est naturellement attachante. Je l’ai toujours sentie comme une enfant, innocente et naïve (dans le bon sens du terme), timide et mal dans sa peau, perpétuellement en quête d’amour. L’absence de père se ressent énormément dans ses différentes relations amoureuses, elle s’obstine à appeler ses conjoints « papa ». Elle est finalement plus en recherche d’un père protecteur que d’un amant.

Tout ce qu’elle voulait c’était qu’on l’aime mais Hollywood a fait d’elle une « grue » comme ils l’appellent, lui attribuant une réputation de fille facile aux multiples conquêtes, d’une fille idiote juste bonne à montrer ses fesses. C’est là que ça fait mal car le lecteur se rend bien compte que cette image est pure calomnie. Certes Norma Jeane est dans son monde, elle ne fait pas toujours les bons choix et on a parfois du mal à la comprendre mais elle est très loin d’être la blonde stupide que tout le monde imagine.

Le roman raconte donc ce combat entre Norma Jeane et Marilyn où l’une finira par détruire l’autre.

 

La scène du début du roman où, durant l’enfance de Norma, sa mère s’obstine à vouloir l’emmener sur les collines d’Hollywood alors que ces dernières sont ravagées par un incendie m’a semblée avec le recul assez prémonitoire.

 

Donc voilà, j’ai adoré ce roman qui m’a bouleversée, je ne regarderai plus les films de Marilyn de la même façon, je n’y verrai plus Marilyn mais Norma Jeane jouant Marylin jouant son rôle.

La fin du roman est très dure, Joyce Carol Oates n’essaie pas d’atténuer quoique ce soit et réveille chez son lecteur un profond sentiment de révolte et d’injustice.

 

Blonde est un très grand roman, dur mais fort et mené de main de maître encore une fois.

 

La très belle critique de AnGee ici.

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commentaires

M
Voila l'article que je voudrais ecrire, ca te derange que je fasse un copier coller? JE PLAISANTE!!! Tu decris tres bien tout ce que j'ai ressenti. Je l'ai fini ce week end et ai deja regarde un<br /> documentaire sur marilyn monroe et achete pas mal de ses films tellement je "vivais" marilyn pendant 3 semaines. J'ai beaucoup aime (tu m'avais bien prevenue!), ma chronique a venir!
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A
<br /> <br /> Je suis super contente que tu aies aimé ! C'est vrai que la lecture de ce livre nous plonge dans les années Marilyn et qu'on a du mal à en sortir après. En tout cas, on la voit d'un tout autre<br /> oeil et ses films également !<br /> <br /> <br /> <br />
O
je note dans la Pal!
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A
<br /> <br /> Excellente initiative ! <br /> <br /> <br /> <br />
O
ça donne très envie... il faut dire que rien que Marilyn déjà est un superbe sujet, si elle est bien servie par une belle plume alors on ne doit pas voir le temps passer
Répondre
A
<br /> <br /> Tout à fait, le récit est très vivant et on est vraiment plongé dans l'ambiance. On ne sent pas passer les 1000 pages. N'hésite pas !<br /> <br /> <br /> <br />
M
Ce que je me demanderais, après la lecture de ce roman, et ce d'autant plus que je connais très peu la vie de Marilyn, c'est si l'image que je me ferais à sa lecture de l'actrice, correspondrait à<br /> celle qu'elle était ou à la façon dont l'auteur l'imagine.<br /> Je crois qu'en fait j'ai un problème de façon générale avec les biographies romancées : je ne sais pas comment les prendre.
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A
<br /> <br /> Disons que dans ce cas précis, Joyce Carol Oates précise bien en préambule qu'il s'agit d'une fiction et que la Norma Jeane du roman n'est pas exactement la véritable Norma Jeane même si elle<br /> s'en inspire fortement ( sur le plan de la psychologie car sur le plan évènementiel je n'ai pas relevé d'énormes différences). Après dans le détail, je ne sais pas, il faudrait lire une vraie<br /> biographie pour comparer.<br /> <br /> <br /> <br />
L
C'est sûr que lorsqu'on voit Certains l'aiment chaud, on ne se doute pas que la scène du baiser a été un calvaire a jouer pour eux. ^^ Enfin surtout pour lui qui la détestait. Mais oui, elle dégage<br /> tellement d'assurance à l'écran que c'est vrai qu'on a du mal à croire qu'elle était complètement perdue.
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A
<br /> <br /> Et c'est là qu'on réalise que Marilyn fut finalement son plus grand rôle mais malheureusement un rôle qu'elle n'a pas choisi ...<br /> <br /> <br /> <br />

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