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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 12:07

La-mort-est-mon-metierBiographie romancée de Rudolf Hoess, commandant du camp d’extermination d’Auschwitz, La mort est mon métier est indéniablement un chef d’œuvre et devrait être lu par tous.

 

C’est avec un incroyable talent que Robert Merle retrace la personnalité et la psychologie d’un des acteurs majeurs de la Shoah. Il s’est appuyé pour cela sur des compte-rendus effectués par les psychologues ayant interrogé Hoess et sur ses propres Mémoires tout en gardant une certaine distance afin de ne pas tomber dans le piège de la subjectivité inhérente à ce que sont des Mémoires.

On suit ainsi la vie et le parcours de Rudolf Lang, de son enfance à sa condamnation aux procès de Nuremberg.

 

Elevé par un père par trop dévôt dans la crainte, Rudolf se réfugie dans le contrôle et la maîtrise de tout ce qui l’entoure : horaires, habitudes, comptage du nombre de ses pas. On sent donc dès son plus jeune âge une certaine forme de pathologie mentale indéniablement causée par celle de son père. Cette volonté d’ordre et de maîtrise, il la retrouve au sein de l’armée puis des corps francs et enfin au sein du parti nazi.

Rudolf est une machine, il obéit aveuglement. Ses uniques valeurs sont : sa patrie l’Allemagne et son honneur qui dépend, comme le veut le slogan des SS, de sa fidélité à son chef.

 

J’ai perçu Rudolf comme quelqu’un de complètement dénué de sentiment, quelqu’un qui ne se pose jamais de questions, il obéit aux ordres qu’on lui donne, point barre. Que les ordres soient immoraux ne le concerne pas, il n’est pas responsable, il ne fait qu’obéir.

J’ai d’ailleurs été très amusée par le passage relatant l’entrevue entre Rudolf et Himmler au cours de laquelle Himmler lui confie le commandement du camp d’Auschwitz ainsi que la charge de mettre au point un système efficace d’élimination en masse d’êtres humains.

A la question de Rudolf « Pourquoi moi ? », Himmler lui répond qu’il a été choisi pour « ses rares qualités de conscience ». Et le plus drôle c’est que là où j’ai vu un aveu foudroyant d’Himmler sur le fait qu’il a pensé à Hoess en tant que personne assez dénuée de conscience pour ne pas rechigner à la tâche, Hoess, lui, pense tout au contraire qu’il a été choisi pour ses qualités exceptionnelles !

 

J’avais vu récemment un film très intéressant dans lequel est relatée une expérience tout aussi intéressante sur la capacité de l’être humain à obéir aux ordres. Cet extrait que je vous mets ici est basé sur le travail du psychologue américain Stanley Milgram.

L'expérience de Milgram est une expérience de psychologie réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram. Cette expérience cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Les résultats font froid dans le dos !

 


 

 

Un autre document essentiel sur ce thème est l’ouvrage de Christopher Browning  Des hommes ordinaires  dont voici le résumé :

browning2.jpgA l'aube du 13 juillet 1942, les hommes du 101ème bataillon de police de réserve allemande entrent dans le village polonais de Josefow. Arrivés en Pologne quelques jours auparavant, la plupart d'entre eux sont des pères de famille trop âgés pour être envoyés au front. Dans le civil, ils étaient ouvriers, vendeurs, artisans, employés de bureau. Au soir de ce 13 juillet, ils se sont emparés des 1800 juifs de Jossefow, ont désigné 300 hommes comme "juifs de labeur", et ont abattu à bout portant, au fusil, 1500 femmes, enfants et vieillards. Ils étaient devenus adultes avant l'arrivée d'Hilter au pouvoir et n'avaient jamais été des nazis militants ni des racistes fanatiques. Pourtant en seize mois, ces hommes vont assassiner directement, d'une balle dans la tête, 38000 juifs, et en déporter 4500 autres vers les chambres à gaz de Treblinka-un total de 83000 victimes pour un bataillon de moins 500 hommes. L'auteur a utilisé les témoignages de 210 anciens de ce bataillon.

Ce livre est dans ma PAL, je ne manquerai pas de le lire prochainement et de vous en faire un compte-rendu sur ce blog.

 

Ce roman de Robert Merle n’est pas seulement essentiel pour apercevoir la psychologie d’un des maillons essentiels de la machine nazie, il permet également de saisir dans sa globalité toute la logistique et tout le cheminement opéré pour parvenir à l’obtention d’un système efficace d’extermination. On voit ainsi quels problèmes se sont posés à Hoess et on entre dans des détails sordides tels que comment tuer beaucoup en moins de temps possible, comment éviter que les juifs condamnés aux douches ne se doutent de ce qui les attend et ne se révoltent etc…

Tout ceci est d’un machiavélisme odieux, c’est à ne pas en croire ses yeux.

 

C’est dire le talent et le travail qu’il a fallu à Robert Merle pour retranscrire de façon si réaliste la psychologie de ces personnages. Le style est fluide. Ce roman se lit d’une traite, en fait on ne le lit pas, on le dévore. J'en recommande donc chaudement la lecture !

 

Bref, La mort est mon métier de Robert Merle est un roman incontournable à lire absolument.

Je remercie infiniment Kactusss d’avoir proposé cette LC et de m’avoir ainsi permis de découvrir cet ouvrage majeur.

 

challengehist

 

Cette lecture entre dans le cadre du challenge Histoire repris par Lynnae .

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 11:46

la-petite-fille.jpg4ème de couverture :

 

Barricadé dans sa maison au coeur d’une ville déserte, un vieil homme prend des risques fous pour recueillir une petite fille blessée.
L’enfant ne parle pas, elle ne prononce qu’un mot : Lumière, elle qui a si peur du noir. Alors le vieillard parle, il lui raconte la beauté de la vie d’avant, les petites joies du quotidien, son espoir qu’on vienne les délivrer. Il lui enseigne la possibilité d’un avenir, quand elle lui offre
de savourer le présent.
Cyril Massarotto explore avec toute la finesse et la profondeur à laquelle il nous a accoutumés depuis son premier livre, Dieu est un pote à moi, la relation filiale qui se noue entre ces deux êtres que tout oppose.

 

 

Mon avis :

 

Je ne connaissais pas Cyril Massarotto et ce roman fut donc ma première approche de cet auteur. Je partais alors sans aucune idée de ce qui m’attendait m’étant interdit de lire les critiques de ces précédents romans. Je voulais pouvoir me faire ma propre opinion sans aucune influence extérieure. Et je suis sortie de ma lecture les yeux brillants de bonheur et de larmes d’émotion.

 

La petite fille qui aimait la lumière n’est pas que le simple récit de la relation entre un vieil homme et une petite fille si différents et qui apprennent l’un de l’autre. C’est aussi un véritable petit bijou de tendresse, d’humour, de suspense, de peur, de tristesse, bref … un concentré d’émotions qui ne peut vraiment pas laisser indifférent.

Tout d’abord, Cyril Massarotto a choisi de placer son intrigue dans un contexte sombre et intriguant qui n’est pas sans rappeler celui de Je suis une légende. Nous sommes dans une ville morte, en pleine guerre, la population a été massacrée par un ennemi inconnu mais barbare et sanguinaire nommé Les autres. Ces autres rôdent toujours et le climat est à la peur et la crainte constantes à tel point que le vieil homme « Monsieur Papi » vit reclus dans sa maison de laquelle il ne sort jamais sauf pour sauver une petite fille blessée qui gît devant sa porte. Il prend alors conscience qu’il n’est pas le seul survivant et reprend espoir grâce à cette petite fille et à son poste radio duquel il guette les moindres grésillements.

A travers cette histoire de la relation entre ces deux êtres qui se découvrent et apprennent l’un de l’autre, Cyril Massarotto aborde nombre de thèmes comme la vieillesse, l’attachement familial, l’instinct de survie et s’interroge sur la capacité humaine à faire le mal : lorsque l’on tue même pour se défendre ne devient-on pas comme n’importe quel autre meurtrier ? N’y laisse-t-on pas une part de notre humanité ?

 

Cyril Massarotto nous rappelle aussi à quel point nous avons de la chance de ne manquer de rien. Il est vrai que ma génération et celle de mes parents n’ont pas connu la guerre, et nous avons la chance de vivre dans un pays en paix, nous ne savons pas ce que c’est que de manquer de choses aussi vitales que la nourriture, la possibilité de se laver rien qu’en tournant un robinet, nous ne savons ce que c’est que de vivre dans la peur. Et ce genre de piqûre de rappel ne fait jamais de mal. La liste des choses à faire par Lumière après la guerre nous fait prendre conscience aussi que le bonheur se trouve dans des petits plaisirs que l’on estime insignifiants sur le moment mais pourtant tellement importants.

J’ai aussi ri à certains passages assez cocasses et à certaines évocations de situation qui m’ont rappelé des souvenirs d’enfance. Le passage sur le biscuit trempé dans la chocolat m’a beaucoup émue. Ça peut paraître idiot mais j’ai adoré me remémorer mes petit-déjeuners « trempette » avec mes tentatives désespérées de récupérer mon biscuit (le fameux C…-C…) complètement délité dans mon lait.

 

Bref, j’ai beaucoup aimé cette diversité de sentiments, le tout raconté d’une plume légère et fluide. J’ai pris un énorme plaisir à cette lecture que j’ai trouvée non seulement intelligente mais fraîche et pleine d’espoir. Un joli coup de cœur pour moi.

Et une dernière remarque juste pour dire que j'ai trouvé la couverture très jolie et elle reflète parfaitement mon ressenti global sur ce livre.

J’ai prévu de continuer ma découverte des romans de cet auteur et j’espère y retrouver ce bonheur de lecture.

 

Je remercie infiniment le site Livraddict ainsi que les Editions XO pour m’avoir offert ce partenariat et permis cette très belle découverte.

 

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 18:49

herbe-rouge.JPGQuatrième de couverture :

 

Dans son style étonnant qui mêle la fantaisie et l’absurde, avec l’émotion la plus poignante, Boris Vian nous raconte dans L’herbe rouge les aventures d’un savant qui a inventé une machine pouvant lui faire revivre son passé et ses angoisses.

Sous le travesti de l’humour noir, ce sont ses propres inquiétudes que met en scène Boris Vian, avec la frénésie d’invention burlesque qui l’a rendu célèbre.

 

Mon avis :

 

C’est en fouinant dans la bibliothèque de mon doudou à la recherche d’un livre à me mettre sous les yeux que j’ai déniché ce recueil de nouvelles de Boris Vian.

Je n’avais lu de cet auteur que Et on tuera tous les affreux dont j’étais sortie pas totalement convaincue mais pas dégoûtée non plus. Alors je me suis dit voyons voir ce que ça donnera cette fois-ci.

En fait, j’ai dit « recueil de nouvelles » mais c’est un peu faux. Il y a dans ce livre un roman intitulé donc L’herbe rouge puis un recueil de nouvelles intitulé Les lunettes fourrées et comprenant 3 très courtes nouvelles : le rappel, les pompiers et le retraité.

 

Le roman L’herbe rouge raconte les aventures d’un ingénieur nommé Wolf ayant conçu et fabriqué pour d’obscures raisons une machine qui va lui permettre de revivre certains moments de son passé et surtout d’en faire une analyse. A chacun de ses voyages dans le temps, il est ainsi invité par plusieurs personnages différents à faire le point et à s’expliquer sur certains choix effectués dans sa vie concernant ses rapports avec sa famille, ses études, ses expériences en matière de religion, sa vie amoureuse et sexuelle etc …

A travers les dialogues entre Wolf et les personnes qui l’interrogent, ce sont plusieurs questions d’ordre philosophique que Boris Vian soulèvent.

 

« Pour la dernière fois, dit-il, je vous demande de ne pas faire l’enfant. Maintenant, c’est sérieux. Tous les parents se valent ! Vraiment ! Ainsi, parce que vous n’avez pas été gêné par les vôtres, vous n’en tenez aucun compte.

- Les miens étaient bons, d’accord, dit Wolf, mais avec des mauvais, on réagit plus violemment, et c’est plus profitable en fin de compte.

- Non, dit M. Perle. On dépense plus d’énergie, mais finalement, comme on est parti de plus bas, on arrive au même point ; c’est du gâchis. Evidemment, quand on a vaincu plus d’obstacles, on est tenté de croire qu’on a été plus loin. C’est faux. Lutter n’est pas avancer. »

 

En parallèle des voyages temporels de Wolf, d’autres évènements contés par Boris Vian poussent le lecteur à la réflexion. Notamment, cette requête curieuse d’un chien qui parle et qui demande à avoir un ouapiti assurant qu’une fois qu’il l’obtiendrait il serait enfin heureux et n’aspirerait à plus rien d’autre car ayant ainsi atteint la félicité perpétuelle. Or une fois son ouapiti obtenu, le chien entre dans une sorte de béatitude.

 

« « Tout va bien, dit Wolf. Tu sais, il est vieux.

- Il avait l’air si content d’avoir un ouapiti, répondit Lil, pleine de pleurs.

- Etre satisfait ou gâteux, dit Wolf, c’est bien pareil. Quand on n’a plus envie de rien, autant être gâteux.

- Oh ! dit Lil. Mon pauvre sénateur.

- Note bien, dit Wolf, qu’il y a deux façons de ne plus avoir envie de rien : avoir ce qu’on voulait ou être découragé parce qu’on ne l’a pas. »

 

A côté de tout ça, il y a aussi le collègue de Wolf nommé Lazuli victime d’hallucinations. A chaque fois qu’il s’apprête à honorer la femme qu’il aime, il aperçoit un homme en train de le dévisager. Ce qui a pour effet de lui couper tous ses moyens. Avec la persistance de ses apparitions, Lazuli en fait une obsession au point qu’il décide d’agir. Mais tout cela tournera au drame. En ce qui concerne cette partie du roman, je dois reconnaître que je n’ai pas du tout compris où Boris Vian voulait en venir.

 

Quant aux nouvelles des Lunettes Fourrées, elles sont tout aussi étranges et décalées. Je n’ai pas aimé Le rappel car je ne l’ai pas comprise, un homme se jette du haut d’un immeuble et, tout au long de sa chute, regarde ce qui se passe chez ses voisins par la fenêtre.

Celle des pompiers est très courte (à peine 5 pages) et très étonnante. J’en suis sortie complètement déconcertée.

Et enfin, j’ai été choquée par Le retraité et par la cruauté de trois adolescents ayant pris un vieil homme pour cible de leurs jeux ignobles. Mais encore une fois, la fin est surprenante.

 

Ce fut un bonheur de lire ce livre. Outre le fait qu’il fait réfléchir (et j’adore quand un livre fait réfléchir), le style de Boris Vian est unique, son univers fantaisiste et décalé ainsi que sa façon de jouer avec la langue française et ses expressions en font un régal de lecture.

Deuxième rencontre avec Boris Vian plutôt convaincante donc.

Ce roman restera d’autant plus cher à mes yeux qu’il a désormais pour moi une valeur sentimentale. Je remercie infiniment mon doudou de m’en avoir fait cadeau surtout en sachant quelle valeur ce livre a pour lui. J’en prendrai très grand soin.

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 15:05

manonL’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, aujourd’hui appelé plus simplement Manon Lescaut, est un récit tiré des Mémoires et aventures d’un homme de qualité en 7 volumes de l’abbé Prévost.

Il y raconte les péripéties d’un couple maudit formé par le chevalier Des Grieux, issu d’une bonne famille, promis à une carrière exemplaire soit dans les ordres religieux soit dans l’Ordre de Malte selon le souhait de son père, et de Manon Lescaut dont la famille (dont on ne sait rien) l’a destinée au couvent.

Le roman prend la forme d’un récit dans le récit. En effet, un premier narrateur, l’homme de qualité qui rédige ses mémoires, nous narre sa rencontre avec Manon et le chevalier Des Grieux. Rentrant de Rouen, l’auteur s’arrête à Pacy afin d’y dîner et est témoin d’une grande agitation devant un cabaret. Curieux, il s’approche et apprend qu’il s’agit d’un convoi de douze filles de mauvaise vie condamnées à l’exil en Amérique. L’auteur remarque alors une jeune fille d’une incroyable beauté puis un jeune homme morfondu de chagrin. Le jeune homme lui avoue son amour passionné pour la jeune fille qu’il suit désespérément, achetant les gardes afin de pouvoir parler à sa bien-aimée durant le trajet. Le pauvre jeune homme est à présent sans le sou.

Deux années se sont écoulées lorsque l’homme de qualité croise à nouveau le jeune homme. Il l’invite à son hôtel et c’est à cette occasion que le jeune homme lui dévoile enfin son identité et lui raconte ses aventures.

Ici s’opère alors un changement de narrateur et c’est à présent le chevalier Des Grieux qui s’exprime.

Des Grieux, accompagné de son fidèle ami Tiberge, rencontre Manon pour la première fois devant une auberge, elle lui apprend son entrée au couvent. Le jeune chevalier, frappé d’un coup de foudre, met alors au point un plan afin de s’enfuir avec celle qu’il aime et prévoit même de l’épouser. Malgré les tentatives de son ami Tiberge pour le raisonner, Des Grieux trompe sa vigilance et le couple parvient à s’enfuir.

S’ensuit alors toute une série d’aventures et de mésaventures lors desquelles se dévoile la psychologie des personnages.

 

Manon est une jeune fille vénale, elle ne s’intéresse qu’aux plaisirs et aux amusements et suit donc qui a les moyens de lui en procurer. Elle trompe Des Grieux à plusieurs reprises. Celui-ci effondré de chagrin et fou de colère, s’en retourne à sa famille une première fois mais persistera dans sa vie de marginal les fois suivantes.

C’est au fur et à mesure du récit qu’on se rend compte que Des Grieux est certes naïf mais ne renonce pas pour autant à commettre des actes répréhensibles au nom de son amour pour Manon.

Après avoir lui-même été dupe, il dupera à son tour, finira en prison dont il s’échappera, commettra un meurtre, fera évader sa chère et tendre et n’aura de cesse de quémander de l’argent auprès de ses amis afin de subvenir à ses besoins lorsqu’il ne s’aventurera pas à tricher au jeu.

 

Mon avis :

 

J’ai commencé cette lecture avec une légère appréhension. Et j’ai finalement été agréablement surprise !

Le style est fluide et simple. L’utilisation massive du discours indirect ( les faits sont rapportés ) n’alourdit pas du tout la lecture puisqu’il cède au moment opportun la place au discours direct. Les dialogues ne sont cependant pas marqués, tout est inclus dans le récit. On sent bien qu’il s’agit d’un réc it fait pour l’oral, d’ailleurs le roman ne fait qu’un peu plus de 200 pages. Il n’y a pas de chapitres, le récit est seulement divisé en deux parties. Néanmoins, cela ne gêne en rien la lecture. Les évènements s’enchainent avec rapidité, il n’y a pas de place pour de longues descriptions, on ne sait même pas à quoi ressemblent physiquement nos héros si ce n’est qu’ils sont beaux et jeunes.

Mon sentiment au sujet des personnages a été fluctuant tout au long de ma lecture et encore maintenant je ne sais que penser.

J’ai tout d’abord été prise de pitié pour ce jeune homme victime de son amour aveugle pour une fille de petite vertu qui se laisse acheter ses faveurs pourvu qu’elle obtienne argent et bijoux en échange. Et puis tout d’un coup, j’ai vu le chevalier sous un autre jour. L’ayant pris d’abord pour le « dindon de la farce », je me suis aperçue que lui-même préférait vivre une vie de vices avec sa bien-aimée plutôt que la vie vertueuse à laquelle son rang le prédestinait.

Mensonges, traquenards et même meurtre, rien ne l’arrête. Il voit tout comme une fatalité comme s’il était observateur de ses malheurs et qu’il ne pouvait infléchir sur le destin. Le meurtre qu’il commet le laisse de marbre, aucun remord n’est exprimé. Bref rien ne l’arrête.

Quant à Manon, je n’arrive toujours pas à savoir si ses sentiments sont sincères, il semblerait pourtant que oui mais comment expliquer alors ses infidélités ? Pour l’argent certes, mais lorsqu’on aime sincèrement, on fait fi du matériel ( en tout cas c’est ma conception de l’amour).

J’ai donc détesté ces personnages mais en même temps, ils m’ont touchée et émue notamment lors de leur exil à La Nouvelle-Orléans.

Le destin ne voulait décidément pas les laisser ensemble et mener une vie heureuse.

Cette histoire a un côté théatral et dramatique qui n’est pas sans me rappeler Roméo et Juliette.

Manon Lescaut a été censuré à son époque mais pourtant les gens parvenaient à se le procurer et le succès fut au rendez-vous.

Montesquieu lui-même en a fait cette remarque :

 

« Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon et l’héroïne une catin, plaise parce que toutes les mauvaises actions du héros ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. »

 

J’ai oublié de parler de Tiberge, l’homme de raison du récit, l’ami fidèle toujours prêt à aider Des Grieux bien que ce dernier le lui rende très mal. Tiberge incarne l’amitié exemplaire, elle est un peu l’équivalent de l’amour porté par le chevalier à Manon, c’est une amitié aveugle sans condition, entière.

 

En conclusion, ce roman est l’illustration même de l’amour passion aveugle, celui pour lequel on est capable de tout et même du pire.

L’histoire de Des Grieux et Manon fait partie de ces histoires d’amour célèbres de la littérature telle Roméo et Juliette, Tristan et Iseult, Paul et Virginie. Elle a d’ailleurs inspiré bon nombre de films. Je suis heureuse d’en avoir enfin pris connaissance et combler cette lacune dans ma culture littéraire.

 

challengeCette lecture a été faite dans le cadre du Challenge Nécrophile organisé par Fashion et entre dans la catégorie « Mort dans des circonstances particulières ». En effet, l’abbé Prévost est décédé de … sa propre autopsie. On l’a trouvé inanimé en forêt. Le croyant mort, le médecin entreprit de l’ouvrir et s’aperçut que l’abbé était toujours vivant. Ce dernier ne s’en remit pas et succomba.

 

 

 

 

 

 

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 21:46

binet.jpgC’est avec regret que j’ai tourné la dernière page du livre de Laurent Binet « HHhH » tant il m’a plu.

Il y retrace le déroulement d’un épisode peu connu de la Seconde Guerre Mondiale ( en tout cas, personnellement, je n’avais jamais eu connaissance de cet événement) : l’attentat perpétré contre un des représentants les plus importants du parti nazi Reinhard Heydrich, bras droit d’Himmler.

Mais ce livre ne raconte pas que ça, il nous parle aussi de la vie de Heydrich, de son ascension vers le pouvoir, il nous parle des principaux évènements marquant la montée en puissance des Nazis en Europe, il nous parle de la Résistance, il nous parle surtout de la Tchécoslovaquie.

Avec ce livre, j’ai non seulement voyagé dans le temps mais aussi dans l’espace. J’ai parcouru les rues de Prague, j’ai visité une chapelle à la décoration intérieure des plus curieuses, j’ai rencontré le chevalier sans tête et l’homme de fer, j’ai cherché l’épée coupeuse de têtes emmurée dans le pont Charles, j’ai fait la connaissance d’un corsaire des temps modernes, j’ai compris pourquoi il y avait des allemands en Bohême et donc pourquoi Hitler avait voulu rattacher cette région au Reich.

Bref, j’ai énormément appris grâce à cet ouvrage. Ce n’est pas à proprement parler un roman ni un livre d’Histoire mais, sur ce sujet, l’auteur vous expliquera mieux que moi ce qu’il en est vraiment.

Son style et ses jugements de valeur en ont dérangé certains. Pas moi. Il a le droit de juger et de donner son avis. On a le droit de ne pas être d’accord. Mais peu importe. L’essentiel est qu’il a fait un travail incroyable et que le résultat m’a véritablement enthousiasmée.

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 18:02

fort-comme-la-mort.pngOlivier Bertin, artiste peintre renommé et très prisé de la haute société parisienne, tombe follement amoureux d’une de ses modèles la comtesse Anne de Guilleroy, déjà mariée bien sûr.

Ils entretiennent tous deux une liaison passionnée pendant près de 20 ans grâce aux soins minutieux de la comtesse, très jalouse, qui veille à éloigner tous les dangers potentiels susceptibles de menacer son idylle et de la priver de son unique amour.

Tout se passe donc très bien jusqu’à l’arrivée à Paris de la fille de la comtesse qui avait jusque là grandi à la campagne auprès de sa grand-mère.

Pour le vieux peintre, c’est le choc. La fille ressemble comme deux gouttes d’eau à la mère lorsqu’il l’avait rencontrée.

Des sentiments amoureux qui s’étaient quelque peu endormis avec le temps se réveillent alors.

C’est une véritable confusion  qui submerge Olivier. Est-il amoureux de la fille ou son amour pour la mère se retrouve-t-il renouvelé à travers la fille ?

Ajouté à ce dilemme, il se rend compte peu à peu du poids de l’âge, il n’est plus un peintre à la mode, de nouvelles tendances se font jour, il devient « un artiste dépassé ».

Quant à la comtesse, la venue de sa fille exacerbe sa jalousie. Elle n’est plus celle que l’on admire et que l’on complimente. A ses yeux, sa fille a pris sa place. C’est elle qu’on compare au tableau de sa mère peint par Olivier il y a 20 ans et c’est elle qu’on couvre d’éloges.

Anne devient alors obnubilée par son aspect physique, elle se voit vieille, traque la moindre ride dans le miroir. Elle perd sa jeunesse, elle perd sa valeur aux yeux des autres, elle perd l’homme qu’elle aime.

 

On retrouve dans ce roman tout le charme des romans de Maupassant. Il y analyse le monde de la haute société, ses rites, ses faux-semblants, ses futilités, sa superficialité. Il y traite de nombreux thèmes : la vieillesse, l’amour, la renommée, la perte d’un être cher etc… et y décrit à merveille les sentiments des personnages.

La jalousie de la comtesse est traitée magnifiquement dans un passage que je ne peux m’empêcher de vous retranscrire ici :

 

    " Chez elle, au contraire, grandit sans cesse l’attachement passionné, l’attachement obstiné de certaines femmes qui se donnent à un homme pour tout à fait et pour toujours. […]

Mais à partir du moment où la comtesse se fut donnée ainsi, elle se sentie assaillie de craintes sur la constance d’Olivier Bertin. Rien ne le tenait que sa volonté d’homme, qu’un caprice, qu’un goût passager pour une femme rencontrée un jour, comme il en avait déjà rencontré tant d’autres ! Elle le sentait si libre et si facile à tenter, lui qui vivait sans devoirs, sans habitudes et sans scrupules, comme tous les hommes ! Il était beau garçon, célèbre, recherché, ayant à la portée de ses désirs vite éveillés toutes les femmes du monde dont la pudeur est si fragile, et toutes les femmes d’alcôve ou de théâtre prodigue de leurs faveurs avec des gens comme lui. Une d’elles, un soir, après souper, pouvait le suivre et lui plaire, le prendre et le garder.

     Elle vécut donc dans la terreur de le perdre, épiant ses allures, ses attitudes, bouleversée par un mot, pleine d’angoisse dès qu’il admirait une autre femme, vantait le charme d’un visage, ou la grâce d’une tournure. Tout ce qu’elle ignorait de sa vie la faisait trembler, et tout ce qu’elle en savait l’épouvantait. A chacune de leurs rencontres, elle devenait ingénieuse à l’interroger, sans qu’il s’en aperçût, pour lui faire ses opinions sur les gens qu’il avait vus, sur les maisons où il avait dîné, sur les impressions les plus légères de son esprit. Dès qu’elle croyait deviner l’influence possible de quelqu’un, elle la combattait avec une prodigieuse astuce, avec d’innombrables ressources.

     Oh ! Souvent elle pressentit ces courtes intrigues, sans racines profondes, qui durent huit ou quinze jours, de temps en temps, dans l’existence de tout artiste en vue.

    Elle avait, pour ainsi dire, l’intuition du danger, avant même d’être prévenue de l’éveil d’un désir nouveau chez Olivier, par l’air de fête que prennent les yeux et le visage d’un homme que surexcite une fantaisie galante.

     Alors elle commençait à souffrir, elle ne dormait plus que des sommeils troublés par les tortures du doute. Pour le surprendre, elle arrivait chez lui sans l’avoir prévenu, lui jetait des questions qui semblaient naïves, tâtait son cœur, écoutait sa pensée, comme on tâte, comme on écoute, pour connaître le mal caché dans un être."

 

Rarement, un livre m’a autant émue, rarement un livre m’a fait versé autant de larmes.

Peut-être est-ce le rapprochement que j’ai pu faire entre Anne, sa conception de l’amour, un amour possessif, exclusif et moi-même. Je me suis retrouvée dans cette femme.

Bref ce roman m’a bouleversé, je le conseille à tous les amoureux du XIXème siècle et de la littérature romantique caractéristique de cette époque.

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