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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 13:18

sciascia.jpg« Moi, en ce qui concerne l’observance de la bonne règle qui consiste à faire court également un récit, je ne puis dire que le temps m’ait manqué ; j’ai mis toute une année de travail, d’un été à l’autre pour raccourcir ce récit : non pas une année d’un travail intense, évidemment, mais en marge d’autres travaux et de préoccupations d’un ordre bien différent. Le résultat auquel ce travail de coupure tendait à arriver, bien plutôt qu’à donner de la mesure, de la concentration et du rythme à mon récit, c’était de parer les révoltes éventuelles de ceux qui eussent pu se considérer plus ou moins directement atteints par mon récit. On n’ignore pas qu’en Italie il ne faut pas jouer avec le feu ; qu’on imagine ce qu’il en est quand on ne désire pas jouer, mais parler sérieusement. Les Etats-Unis peuvent présenter dans leurs récits et dans leurs films des généraux imbéciles, des juges corrompus et des policiers canailles. L’Angleterre aussi, la France aussi (tout au moins jusqu’à aujourd’hui), la Suède aussi et ainsi de suite. L’Italie n’en a jamais présentés, n’en présente pas, n’en présentera jamais.[…] Je ne me sens pas l’héroïsme de défier, de propos délibéré, des imputations de diffamation et d’outrage au gouvernement. C’est pourquoi, lorsque je me suis aperçu que mon imagination ne tenait pas suffisamment compte des limites imposées par les lois et, plus encore que par les lois, par la susceptibilité de ceux qui sont chargés de faire respecter ces lois, j’ai commencé à supprimer, supprimer, supprimer.

[…]

Inutile de dire qu’il n’existe pas, dans ce récit, de personnage ou de fait ayant une correspondance autre que fortuite avec des personnes existantes ou des faits qui se sont réellement produits. »

 

Mon avis :

 

J’aurais pu vous présenter la 4ème de couverture comme je le fais d’habitude ou encore vous faire un bref résumé « maison » comme ça m’arrive parfois mais cette fois-ci j’ai choisi de vous recopier partiellement la note écrite par l’auteur que j’ai trouvée à la fin de mon exemplaire du Jour de la chouette de Leonardo Sciascia. J’ai pensé, qu’en plus d’éveiller la curiosité, elle représentait assez bien le ton et l’ambiance du récit de Sciascia.

Car dans ce récit, Sciascia s’attaque à un des fléaux de l’Italie, à un sujet « tabou », vous l’aurez compris, il s’agit de la mafia.

 

Le Jour de la chouette se présente comme un roman policier, nous avons des assassinats, des témoins, des enquêteurs et des suspects. Ne vous attendez pas à un roman à suspense ou à la construction traditionnelle dans le style d’Agatha Christie. Non rien de tout ça ici.

La construction du texte se fait cinématographique, il n’y a pas de chapitres mais plusieurs séquences séparées par un blanc. Les séquences nous présentent chacune une scène, tantôt une scène d’interrogatoire, tantôt un dialogue entre deux mystérieux interlocuteurs dont on ignore les noms mais dont on devine au fur et à mesure de la conversation le statut social et la fonction.

Le tout est très court et se lit en quelques heures à peine, comme un film.

Le récit s’ouvre sur la première scène, celle d’un assassinat où Sciascia met en lumière une des caractéristiques de l’ « état » mafieux : l’omerta, autrement dit la loi du silence. On a des témoins mais ils n’ont rien vu, rien entendu, ne connaissent personne et ne savent rien. C’est sur cette base fragile que le capitaine Bellodi va devoir mener son enquête.

 

L’action se situe en Sicile, le capitaine Bellodi est de l’Italie du Nord et ne connaît donc pas les « coutumes » locales et surtout ne compte pas s’y plier. Il va donc faire son travail consciencieusement avec tout le zèle nécessaire et fera grincer des dents.

Sciascia se serait inspiré d’un véritable enquêteur pour créer le personnage de Bellodi et se serait basé sur un livre écrit par cet enquêteur, un livre entièrement consacré à la mafia.

Vous aurez donc dans ce roman un aperçu des procédés mafieux, de la véritable toile d’araignée qu’est la mafia de la base aux plus hautes strates du gouvernement. Et vous verrez à quel point il est difficile de la faire tomber surtout lorsque même le gouvernement nie son existence (et on comprend pourquoi …)

 

Grâce à ce livre, j’ai notamment appris l’existence et le rôle qu’a joué un préfet très connu en Sicile pour son action : le préfet Mori surnommé le préfet de fer, envoyé par Mussolini pour porter un coup fatal et faire cesser les agissements de la mafia. Mori a eu les pleins pouvoirs pour son opération ( les moyens extrêmes employés par ce dernier transparaissent d’ailleurs à travers certains des propos que Sciascia met dans la bouche de ses personnages) et a bien failli réussir. Et on comprend ainsi pourquoi la Sicile s’est massivement pliée au fascisme.

Un conseil si vous choisissez de lire ce récit et si vous prenez la même édition que moi : ne lisez surtout pas l’introduction d’abord, elle en dit beaucoup trop et surtout donne des clés de compréhension. Mieux vaut donc la garder pour la fin.

 

Jusqu’à la fin, Sciascia nous livre là un récit assez politique et surtout réaliste, tellement réaliste qu’on pourrait le croire tiré d’une histoire vraie (peut-être ?) et j’ai d’ailleurs du mal à parler de ce livre comme d’un roman.

Mais le mieux est que vous jugiez par vous-même.

 

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 19:35

 

Je les attendais avec impatience, ils sont enfin là : les baby-challenges Livraddict 2012 !

L'objectif : en lire le plus possible sachant que le but est bien entendu de tous les lire et d'atteindre la médaille d'or mais à défaut on pourra toujours tenter de décrocher les autres médailles qui sont :

 

Médaille d'or : 20/20

Médaille d'argent : 16/20

Médaille de bronze : 12/20

Médaille de chocolat : 8/20

 

 

Alors je ne vais pas être raisonnable du tout mais tant pis, on verra bien et j’ai donc décidé de m’inscrire à 3 baby-challenges avec pour commencer :

 

-         le baby-challenge Classiques :

 

classique

 

Avec au programme :

 

1-  Les Trois Mousquetaires de Alexandre Dumas
2 ~  Orgueil et Préjugés de Jane Austen
3 ~  Jane Eyre de Charlotte Brontë
4 ~  La Confusion des sentiments de Stefan Zweig
5 ~  Autant en emporte le vent, tome 1 de Margaret Mitchell
6 ~  Cyrano de Bergerac de Edmond Rostand
7 ~  Le Comte de Monte-Cristo, tome 1 de Alexandre Dumas
8 ~  Les Raisins de la colère de John Steinbeck
9 ~  Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos De Laclos
10 ~  Des souris et des hommes de John Steinbeck
11 ~  Nana de Emile Zola
12 ~  Les Malheurs de Sophie de Comtesse de Ségur
13 ~  Les Hauts de Hurle-Vent de Emily Brontë

14 ~  Le Joueur d'échecs de Stefan Zweig
15 ~  Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
16 ~  Persuasion de Jane Austen
17 ~  Les petites filles modèles de Comtesse de Ségur
18 ~  Au bonheur des dames de Emile Zola
19 ~  Hamlet de William Shakespeare
20 ~  La Ferme des animaux de George Orwell

 

Je pars donc avec 5 livres lus, il m’en reste donc 15 à lire avant fin décembre 2012 pour atteindre la médaille d’or.

 

 

-         le baby-challenge Littérature contemporaine :

 

littraturecontemporaines.jpg

 

Au programme :

 

1-  La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett
2-  De l'eau pour les éléphants de Sara Gruen
3-  L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon
4-  Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan
5-   Le Cercle des poètes disparus de Nancy H. Kleinbaum
6-  Oscar et la dame rose de Eric-Emmanuel Schmitt
7-  La Porte des Enfers de Laurent Gaudé
8-  Kafka sur le rivage de Haruki Murakami
9-  Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer
10-  La Saga Malaussène, tome 1 : Au bonheur des ogres de Daniel Pennac
11-  Ensemble, c'est tout de Anna Gavalda
12-  Une prière pour Owen de John Irving
13-   Le Monde Selon Garp de John Irving
14-  L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera
15-  À Mélie, sans mélo de Barbara Constantine
16-  Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé
17-  Les Coeurs fêlés de Gayle Forman
18-  L'Enfant de Noé de Eric-Emmanuel Schmitt
19-  La Part de l'autre de Eric-Emmanuel Schmitt
20-   Cosmétique de l'ennemi de Amélie Nothomb

 

Avec seulement 3 livres déjà lus, donc 17 à lire … On y croit !

 

 

 

-         le baby-challenge Drame :

 

drame.jpg

 

Au programme :

 

1 ~ Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay
2 ~ Les Cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini
3 ~ Le Comte de Monte-Cristo, tome 1 de Alexandre Dumas
4 ~ La Voleuse de livres de Markus Zusak
5 ~ Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee
6 ~ Là où j'irai de Gayle Forman
7 ~ Neige de Maxence Fermine
8 ~ La Jeune Fille à la perle de Tracy Chevalier
9 ~ Le Temps n'est rien / De toute éternité de Audrey Niffenegge
10 ~ Ne t'inquiète pas pour moi de Alice Kuipers
11 ~ L'Attentat de Yasmina Khadra
12 ~ PS : I love you de Cecelia Ahern
13 ~ Le Parfum de Patrick Süskind
14 ~ Le maître des illusions de Donna Tartt
15 ~ Le procès de Franz Kafka
16 ~ Le Liseur de Bernhard Schlink
17 ~ L'Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle
18 ~ Junk de Melvin Burgess
19 ~ L'homme qui voulait vivre sa vie de Douglas Kennedy
20 ~ Le Vieil Homme et la Mer de Ernest Hemingway

 

A nouveau 5 livres déjà lus …

 

Comment ça je ne suis pas du tout réaliste ? Moui ... bon c'est pas faux mais si ça l'était ça ne serait plus un challenge !

Allez, j'ai du pain sur la planche moi !

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 15:13

turquetto 220350 250 400Présentation :

 

« NOTE AU LECTEUR :

 

Il existe au musée du Louvre un portrait attribué à Titien, intitulé L’Homme au gant, qui présente une curiosité.

La signature apposée au bas de la toile, TICIANUS, toute en majuscules, semble peinte de deux couleurs différentes. Le visiteur attentif peut constater, pour peu qu’il approche son regard du tableau, que le T est peint en gris foncé, alors que le reste du nom, ICIANUS, est en gris-bleu. »

 

L’Homme au gant ne serait pas de la main du Titien mais d’un mystérieux peintre dont toute l’œuvre aurait disparu sauf cette unique toile que Titien aurait sauvée en y apposant sa signature.

Metin Arditi fait revivre pour nous ce peintre talentueux, prisé du tout Venise, le Turquetto.

Né juif à Constantinople, Elie se révèle très doué pour le dessin. Malheureusement, sa religion lui interdit toute représentation des créatures de Dieu. A la mort de son père, Elie s’embarque pour Venise et entre au service du Maître. Il devient alors l’artiste le plus recherché de la cité utilisé dans les rivalités de pouvoir entre confréries et Grands de Venise.

 

Mon avis :

 

J’avais lu de nombreuses critiques élogieuses sur ce roman et la mienne n’y dérogera pas.

Moi qui suis passionnée d’Histoire, d’Art et de peinture en particulier, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre. Qui est donc ce Turquetto ? L’Homme au gant ne serait donc pas de Titien ?

C’est en se basant sur cette particularité de cette toile que Metin Arditi construit tout son roman. Et il le fait si bien que j’ai vraiment cru à l’existence du Turquetto. Pourtant tout cela reste entièrement hypothétique même si certains éléments troublants et réels viennent cautionner la thèse de l’auteur.

 

J’ai adoré ce roman, intelligent, bien construit et très bien écrit. Rien n’est superflu dans ce récit, les dialogues sont magnifiques. Je pourrais juste reprocher le manque de descriptions qui m’auraient permis de me sentir encore plus dans l’ambiance de l’époque. En revanche, les personnages sont méticuleusement travaillés, leur personnalité est décrite de façon à les rendre vraiment vivants. Curieusement, j’ai même trouvé que les personnages secondaires étaient plus précis que le personnage principal lui-même ce qui ne fait qu’ajouter au mystère qui l’entoure.

 

Un des thèmes abordés traite du lien filial à travers la relation entre Elie et son père. Elie a honte de son père et de sa condition. Le père a honte de son fils qu’il voit comme un traître aux « Siens » sous-entendu au peuple juif. Pourtant cette relation est l’axe central du roman et vous ne pourrez plus ensuite regarder le tableau de L’Homme au gant de la même façon.

 

Metin Arditi a su aussi reconstituer avec talent les luttes de pouvoir à Venise et le rôle de l’Eglise dans ces conflits. L’action se place en plein XVIème siècle, nous sommes à l’époque de la Réforme et donc de l’émergence du protestantisme. L’Eglise catholique doit réagir face à l’hérésie et doit pratiquer un retour à la pureté des Anciens, surtout dans une ville décadente livrée à tous les vices comme Venise. C’est là qu’intervient l’Art comme outil de propagande, l’Art se met au service du pouvoir et l’auteur explique à merveille les liens entre artistes et Grands du monde qui cherchent par là un moyen de se mettre en valeur et d’assurer leur gloire. Les candidats au capes d’Histoire auront là un très bel exemple illustratif de leurs cours sur Le Prince et les Arts (même si c’est fictionnel c’est toujours intéressant).

Le Turquetto va donc se retrouver pris dans ces questions de rivalités et va vouloir utiliser son art comme moyen d’expression pour révéler son lourd secret.

Car Elie, à l’image de son prénom, est à la croisée des trois religions, juive, chrétienne et musulmane et devient, sous la plume de Metin Arditi, tout un symbole.

Mais dans une époque et un contexte de guerre de religions, l’intolérance et le fanatisme ambiants le conduiront à sa perte.

 

Un gros coup de cœur donc pour ce superbe roman à ne pas manquer. Il ne me reste plus maintenant qu’à aller faire un tour au Louvre.

En attendant, pour les curieux, le voici : (inutile de vous arracher les yeux à regarder la signature, on ne voit rien, il faut voir l’original pour ça !)

 

l-homme-au-gant.jpg

 

 

 

challengehist

 

 

Cette lecture entre dans le cadre du Challenge Histoire.

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 17:46

yocandraPrésentation de l'éditeur :

 

Publié en France en 1995, Le Néant quotidien est l’un des premiers textes à décrire la vie quotidienne à Cuba. Largement applaudi en Europe, il a fait de Zoé Valdés l’un des écrivains cubains les plus appréciés des lecteurs français et de Yocandra une figure de la résistance cubaine. 
« Elle vient d’une île qui avait voulu construire le paradis, et qui a créé l’enfer. » Baptisée Patrie à sa naissance, une jeune Cubaine renaît sous le nom de Yocandra. Son récit décrit le quotidien lourd, oppressant, et vide de La Havane, cette ville qui rampe dans la ruine depuis si longtemps que la mémoire de l’opulence s’est perdue, ou n’était-ce qu’un songe ? Au bord de la mer qui la sépare de la liberté, elle décrit la perte de l'innocence, des illusions, les ambitions dérisoires, les vocations gâchées car tout, y compris les carrières professionnelles, est assujetti au plan. Entre le blocus américain et le régime castriste, il semble qu'à Cuba, la politique n'existe que pour empêcher les gens de vivre. 
Écho à cette plongée dans le néant, Le Paradis du néant, rédigé quinze ans plus tard, est le récit de l’exil, de la nostalgie douce-amère d’un pays qu’on a rêvé de quitter, de la liberté impossible. Yocandra a quitté Cuba, par Miami, avant d’arriver à Paris. À La Havane, elle a laissé sa mère, l'homme qu'elle aime, ses livres et ses premiers poèmes. 
À Paris, où elle est venue chercher l'oubli, la liberté, elle est poursuivie par le son de la rumba, les prières de la santería, et même par un Cubain particulièrement opiniâtre appelé Fidel Raúl.

 

Mon avis :

 

Le Roman de Yocandra regroupe donc les deux romans Le néant quotidien et Le Paradis du néant où l’on suit donc Yocandra, sa vie à Cuba puis sa vie en exil.

Pour moi, cette lecture a été un grand coup de cœur et ce n’était pourtant pas gagné au départ.

 

En effet, j’ai détesté la première partie Le néant quotidien, heureusement très court comparé à la suite. J’ai trouvé le style d’une vulgarité dérangeante. Je n’ai pas réussi du tout à apprécier Yocandra que je ne voyais que comme une traînée dévergondée. Certains passages m’ont paru trop obscurs voire trop abstraits aussi, je n’arrivais plus à savoir quel personnage parlait etc…, je ne comprenais pas certains propos. Je pensais que j’aurais eu droit à une fresque de la vie quotidienne à Cuba. Alors oui, évidemment, il s’agit un peu de cela mais la façon dont c’est présenté m’a dérangée. J’en arrivais même à me dire que si elle avait une vie minable c’est qu’elle le méritait. Je n’ai pas du tout ressenti la moindre émotion. Rejet total.

J’aurais donc pu m’en tenir là mais comme il s’agissait d’un partenariat j’ai insisté et donc poursuivi ma lecture.

Bien m’en a pris !

 

J’ai adoré la deuxième partie Le Paradis du Néant. Je pense que les quinze années d’écart entre les deux textes y sont pour quelque chose. Le style vulgaire a laissé la place à un style familier et cru mais plein d’humour. J’y ai retrouvé un peu de ce qui m’avait plu chez Eric Miles Williamson dans Bienvenue à Oakland.

Je me suis enfin liée d’amitié avec Yocandra et je me suis sentie embarquée dans ses aventures. Et là de l’émotion j’en ai eu ! J’ai ri, j’ai eu peur, j’ai ressenti de la colère, de la tristesse. J’ai adoré vivre avec elle dans cet immeuble du quartier du Marais avec tous ses voisins hauts en couleur mais tellement attachants !

Et Zoé Valdés n’a pas sa langue dans sa poche. Le régime castriste en prend pour son grade, c’est un véritable cri de colère que nous livre l’auteur dans ce texte. Elle y décrit et dénonce avec férocité et rage les abus du régime, l’illusion des gauchistes occidentaux qui refusent de voir la vérité, le déchirement auquel conduit l’exil et ce terrible sentiment d’impuissance d’un peuple opprimé que tout le monde ignore et abandonne à son sort.

 

« La différence entre le capitalisme et le castrisme est la suivante : dans le capitalisme on t’encule, on t’empale et tu peux protester, faire grève, et tout le tintouin, avec l’appui systématique des syndicats … Dans le castrisme on t’empale tandis que tu applaudis et dis bravo pour qu’on te déchire les boyaux. Ah, et puis les syndicats sont les premiers à te baiser. »

 

A travers la bouche de Yocandra, elle aussi écrivain, c’est une partie de sa vie et de ses pensées que nous offre Zoé Valdés. Elle insiste beaucoup sur la condition des intellectuels et artistes cubains condamnés soit à la soumission au régime, soit à la prison, à la mort ou à l’exil. On pourrait penser que les écrivains exilés puissent librement s’exprimer. Mais ce n’est pas si facile, il y a des pressions : il ne faut pas donner une mauvaise image de la Révolution. Qu’on soit sur l’île ou en exil, le climat est à la méfiance car on est surveillé et, si on n’y prend pas garde, dénoncé.

L’île est une prison mais l’exil c’est la liberté conditionnelle avec bracelet électronique.

 

Je pourrais en dire encore plus tellement j’ai aimé ce livre.

Si vous voulez un aperçu de la vie à Cuba et de celle des cubains en exil à travers les yeux de quelqu’un qui a vécu les deux , si vous aimez la littérature engagée alors lisez ce roman.

 

Je remercie de tout cœur le site Livraddict et les Editions JC Lattès pour cette formidable découverte.

 

Cette lecture entre dans le cadre du challenge international de misss-bouquins ( que je pense avoir ainsi terminé !)

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 00:37

logo swap VIT

 

 

Voici mon tout premier swap en tant qu’organisatrice que j’ai proposé sur Livraddict :

 

Je ne sais pas si un swap de cette sorte a déjà eu lieu et je n’ai pas eu le courage de remonter toutes les archives du forum pour vérifier. Donc s’il a déjà eu lieu, j’espère que l’organisateur/trice ne m’en voudra pas de reprendre son idée.

 

Alors voilà, je vous invite à un swap « Voyage en Terre Inconnue » basé sur le principe de l’émission « Rendez-vous en Terre Inconnue » (que j’aime énormément ).

Je m’explique :

Le but de ce swap est de découvrir un pays que vous ne connaissez pas du tout et de faire découvrir à un autre membre un pays que vous aimez et que vous connaissez bien.

 

Pour participer à ce swap, il faut donc que vous ayez l’esprit aventureux et très ouvert car vous ne saurez pas du tout qui vous swapera et dans quel pays on vous fera voyager !

 

Pas besoin donc de wish-list à jour (même si on peut s’en inspirer). En revanche, il faut que votre liste de livres lus le soit (ce serait dommage de vous envoyer un livre que vous avez déjà lu).

 

Le swap se déroulera donc en chaîne, vous ne connaîtrez que l’identité de la personne que vous swaperez.

Bien sûr, je formerai la chaîne en fonction des goûts de chacun pour éviter au maximum les mauvaises surprises.

 

Le colis devra comprendre au minimum :

 

-         3 livres dont les auteurs sont de la nationalité du pays que vous souhaitez faire découvrir ou dont l’action se déroule dans ce pays et au moins 1 « beau livre » c’est-à-dire un livre documentaire (sur l’Histoire, la cuisine, les sites touristiques …) en fonction des goûts de votre swapé

-         2 marque-pages ou plus en rapport avec le swap

-         1 CD ou 1 DVD (ou les deux en fonction de votre budget) : un film se passant dans le pays choisi ou un documentaire ou 1 CD de musique typique du pays choisi.

-         1 carte postale à l’image du pays ( que vous pouvez confectionner vous-même si vous n’en avez pas)

-         1 boisson en rapport avec le pays si c’est possible

-         1 gourmandise en rapport aussi avec le pays

-         1 recette d’un plat traditionnel de ce pays

-         1 cadeau-surprise au choix en rapport avec le pays : cela peut-être un simple carnet de voyage confectionné par vos soins dans lequel vous raconteriez votre voyage, photos à l’appui, ou un simple souvenir rapporté de là-bas, ou n’importe quoi d’autre, je laisse votre imagination faire le travail ;)

 

Pour les dates :

 

-         Inscriptions et envoi des questionnaires jusqu’au 31 janvier

-         Constitution de la chaîne et attribution des swapés du 31 janvier au 15 février

-         Confection des colis du 15 février au 15 mars

-         Envoi des colis du 15 au 31 mars.

 

Si vous êtes intéressé(e), je vous invite à rejoindre le topic de Livraddict pour le questionnaire à m'envoyer pour la constitution de la chaîne et pour les inscriptions.

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 13:50

l-insu.jpg4ème de couverture :

 

Effectuer quelque chose à l’insu de soi-même, c’est ce que nous faisons tous chaque jour. Mais reste à savoir si cet « à l’insu de » est une condition nécessaire et quasi suffisante pour que ce quelque chose soit fait. L’image la plus simple de cette réalité complexe est tout entière illustrée par une devinette attribuée à Léonard de Vinci : « Qu’est-ce qu’on cherche sans le trouver ; qu’est-ce qu’on trouve sans le chercher ? – Le sommeil. »

Ou encore – et cette fois c’est Stendhal qui formule l’idée : vouloir-être-naturel est impossible. Être naturel, c’est être naturel sans vouloir l’être – stratégie oblique de la volonté.

Ainsi, certaines choses ne peuvent se réaliser qu’à l’insu du sujet, et non en toute conscience. Par rapport à l’inconscient, il y aurait donc une certaine positivité du non-conscient, que l’on peut essayer paradoxalement de penser, voire de favoriser. L’insu est pris entre le penser et le vivre. C’est l’enjeu de ce livre.

 

Mon avis :

 

Bien que ce soit un livre de philosophie, L’Insu de Pierre Sauvanet est construit de façon à rendre la lecture fluide et aérienne.

Il se présente en 4 parties sous la forme d’une succession de courts paragraphes numérotés qui ne sont pas sans rappeler les aphorismes de Nietzsche.

Bien que l’auteur précise dans la vidéo jointe à ce billet que la lecture dans l’ordre n’est pas obligatoire, j’ai trouvé qu’elle était quand même nécessaire afin de ne pas perdre le fil.

Cet ouvrage se veut donc une réflexion sur l’Insu, terme que l’on emploie que dans le cadre de l’expression rendue célèbre « faire quelque chose à son insu ».

Je ne suis pas sûre d’avoir tout bien compris étant novice en philosophie. Les références à certains grands penseurs et à leur pensée m’ont d’ailleurs gênée. J’ai un peu déploré le changement de style intempestif tout au long de l’ouvrage. Parfois, certains passages étaient tout à fait limpides, écrits dans une langue claire et simple, utilisant des exemples concrets de la vie quotidienne. Mais d’autres sont plus obscurs, font référence à des notions philosophiques et psychologiques que je ne maîtrise absolument pas. Les quelques essais de style de l’auteur (jeux de mots …) m’ont aussi parfois agacée.

Malgré ces quelques bémols, j’ai pris plaisir à cette lecture par les réflexions qu’elle soulève sur toutes sortes de sujets et pas seulement sur l’Insu.

Ce que j’ai retenu et compris de ma lecture en quelques mots : l’insu englobe tout ce que l’on fait sans en avoir conscience, nos réflexes et nos automatismes. Lorsque je respire, je ne pense pas à inspirer et expirer à chaque fois. Cela se fait naturellement. L’insu, c’est donc ce qui nous permet de faire un tas de choses sans avoir besoin d’y penser. L’insu nous soulage de beaucoup de pensées « parasites ». Imaginez que vous soyez obligé de penser chacun de vos gestes et de vos actes. Imaginez-vous en train de marcher et de penser au fait qu’il vous faut mettre un pied devant l’autre. Mais l’insu, ce n’est pas l’oubli et ne peut se baser que sur le su. On ne peut pas faire inconsciemment quelque chose que l’on ignore.

 

« L’insu, ce n’est pas souffrir dans tout son être d’un manque neurologique, c’est consciemment faire le vide pour vivre pleinement. »

 

Je pense toutefois qu’il me sera nécessaire de relire ce livre une deuxième fois. Beaucoup de choses m’ont échappé.

En tout cas, il m’a donné à réfléchir et m’a donné envie de me mettre sérieusement à la philosophie. Ne serait-ce que pour connaître au minimum les grands philosophes et les grandes lignes de leurs idées.

 

 


 

  Je remercie beaucoup Ys et le site News Book ainsi que les Editions Arléa pour cette intéressante invitation à la réflexion.

 

D'autres avis sur cet ouvrage : Letteratura, Denis

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 12:55

farhenheit4ème de couverture :

 

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif.

Le pompier Montag se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

 

Mon avis :

 

Voilà, ça y est, j’ai enfin lu ce monument de la littérature.

Comment rester de marbre après une lecture pareille ?

Le portrait du monde que dresse Ray Bradbury dans ce roman pourrait être le nôtre dans un futur éventuel. Une option parmi tant de possibilités.

A travers la description du monde d’avant que fait le capitaine Beatty, j’ai reconnu notre monde actuel à nous : un monde essentiellement tourné sur l’argent, la consommation et le divertissement.

Bradbury dénonce l’abrutissement des masses par les médias (la télévision en particulier) mais aussi le déferlement d’une « sous-culture » qui amène l’homme à ne se préoccuper que de son quotidien, de ses loisirs et à complètement laisser de côté ce qui l’entoure. Et dans tout ça, moi je reconnais complètement le monde dans lequel je vis, un monde où les gens ne recherchent que la facilité et où la réflexion tend à disparaître.

 

Le futur imaginé par Bradbury fait froid dans le dos : des êtres humains complètement lobotomisés, dépourvus de compassion et qui ne connaissent plus l’amour, des êtres humains qui vivent en pleine guerre sans même s’en soucier ni s’en rendre compte. Pourquoi ? Parce qu’on les abreuve de stupidités, on leur fait croire que s’intéresser au monde qui les entoure c’est s’exposer au malheur et à la souffrance. « Pour vivre heureux, restons cachés », pour vivre heureux fermons les yeux.

Le personnage de Mildred est très représentatif d'ailleurs, elle m'a beaucoup agacée, elle est complètement "endoctrinée", elle est froide, dénuée de sentiments et ne s'intéresse qu'à ses émissions de télévision. Quel horizon !

 

Dans ce monde imaginaire bradburien, on ignore les actualités internationales surtout si elles concernent la guerre, la misère et la faim qui touchent d’autres pays. Sait-on seulement qu’il existe d’autres pays ? Oui puisqu’il y a une guerre mais qui sont-ils ? Pourquoi se battent-ils ? On l’ignore et à vrai dire ça ne nous intéresse pas.

En revanche, on retransmet en direct une chasse à l’homme à laquelle on invite la population à participer.

Le gibier ? Un homme qui a compris que ce monde était factice et superficiel et qui a décidé de se retourner contre l’autorité. Un dissident. Un ennemi de l’intérieur. Un danger susceptible de troubler la tranquillité et l’hébétude générale.

 

Montag faisait partie du corps des pompiers. Sauf que dans son monde à lui, les pompiers ne sont pas chargés d’éteindre les incendies mais de les allumer. Mais attention, pas n’importe quels incendies. Les pompiers ont pour mission de brûler tous les livres qu’on leur signale (le système fonctionne donc sur le principe de la dénonciation), les livres mais aussi tous les biens du propriétaire qui est ensuite arrêté.

Un jour, Montag comprend qu’il n’est pas heureux, que son épouse non plus, qu’ils ne partagent rien si ce n’est un toit. Il décide alors de se révolter sous l’influence d’une jeune fille qu’il aura rencontrée et qui lui aura ouvert les yeux. Il brave l’interdit et se procure des livres. Il essaie désespérément de convaincre son épouse de leur valeur et de l’importance des enseignements qu’ils renferment.

Seulement, contre ce genre de système, la révolte ne fonctionne pas. La solution est ailleurs.

 

J’ai lu dans l’article Wikipédia que Bradbury dénonçait le maccarthisme dans ce livre. Je trouve qu’il va beaucoup plus loin que ça.

Cette dystopie m’aura touchée d’autant plus qu’elle est plausible. J'ai trouvé le style aussi froid que Mildred, pas d'émotions, pas de poésie, pas de suspense. Un style à l'image du monde décrit.

 

Pour conclure, je dirais que Fahrenheit 451 est un roman pas transcendant mais incroyablement réaliste pour un livre de science-fiction. Un roman incontournable du genre comme 1984.

 

Je remercie beaucoup Fleurdusoleil pour avoir proposé cette LC et m’avoir permis d’enfin découvrir ce roman essentiel.

 

Les avis de : Luna , Fleurdusoleil , Stephy21, Marmotte, Namira , Livraison , angelebb , Bavardelik , Karya , Blackwolf

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 23:01

Birmane4ème de couverture :

 

Couronné par le prix Interallié en 2007, Birmane racontait une folle histoire d’amour entre un jeune homme naïf, une médecin humanitaire, et un pays à la beauté hypnotisante : la Birmanie. Sur fond de paranoïa, de pierres précieuses, d’opium et de nuits fauves, cette aventure palpitante plongeait le lecteur au cœur du plus fascinant pays d’Asie.

Quelques semaines après la parution, des milliers de moines défiaient la dictature. Et « The Lady » Aung San Suu Kyi devait ensuite recouvrer la liberté.

Quatre ans plus tard, la démocratie ne règne pas pour autant sur le pays aux dix mille pagodes. Et l’histoire de César et Julie pourrait encore se passer aujourd’hui.

 

Mon avis :

 

Mon sentiment sur cette lecture est mitigé.

Je l’ai aimé pour le contexte et le cadre que l’auteur maîtrise bien : la Birmanie. Grâce à son expérience de reporter, Christophe Ono-dit-Biot nous offre un aperçu de ce pays malheureusement très méconnu et oublié des pays occidentaux. Oh bien sûr, le film récent de Luc Besson a le mérite de nous rappeler la terrible situation politique que connaît la Birmanie. Mais on en parlera pendant combien de temps ?

Alors voilà, je l’avoue, avant de lire Birmane, je ne connaissais rien à la Birmanie et je suis donc un parfait exemple de l’amnésie collective voire l’ignorance (tel était mon cas) qui semble frapper nombre de nos concitoyens (et autres) concernant ce pays.

Grâce à ce roman, j’ai donc fait connaissance avec ce coin d’Asie, une partie de son Histoire, ses incroyables et fascinants paysages et monuments, le sourire de sa population malgré la dictature, le climat de peur ambiant, la violence, la drogue, les exactions, les viols et les massacres des ethnies qui refusent de se soumettre au pouvoir militaire birman.

 

Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, c’est là que le bât blesse.

Je n’y ai pas cru un seul instant. Je suis peut-être un peu trop terre-à-terre mais j’ai besoin, pour entrer complètement dans un récit, de le trouver un minimum plausible. Or j’ai trouvé ça digne d’un film à grand spectacle hollywoodien. Le monsieur tout le monde bien franchouillard qui a envie d’une vie plus trépidante que la sienne et qui va jouer tantôt les James Bond tantôt les Indiana Jones sous la dictature, excusez-moi mais ça ne passe pas du tout !

Je n’ai pas du tout aimé ce personnage principal. Je l’ai trouvé franchement immature, pas très futé et un peu trop porté sur la Chose. Oui parce que quand monsieur est amoureux d’une fille, chez lui ça se réduit au physique et au sexe. Et ça, ça m’a beaucoup énervée ! « Une folle histoire d’amour » disait la 4 de couv … désolée, mais pour ma part, je n’ai pas vu d’amour dans cette histoire, ça manquait vraiment de profondeur, de poésie et de sentiments. C’est peut-être aussi pour ça que je n’y ai pas cru du tout. De plus, ils se mentent, ne se livrent pas complètement. A plusieurs reprises, César ne reconnaîtra pas cette Julie qu’il a idéalisée. Il fait une obsession sur une image d’elle complètement illusoire.

Et quant à la demoiselle, alors là, c’est encore pire …

 

Et à partir d’ici, attention je spoile !

 

Il n’y avait vraiment que le personnage principal (prénommé César … quel affront !) pour ne pas s’être douté de l’identité de Wei-Wei. Et là, j’ai vraiment été choquée. Ça m’a fortement rappelé ce cliché, maintes fois exploité au cinéma et en littérature, de l’occidental se faisant passer pour un dieu auprès d’une tribu d’indigènes. Donc notre chère Julie alias Wei-Wei joue les héroïnes et prend en main la lutte de sa tribu contre les vilains militaires birmans. On la voit dans ce nouveau rôle à la fois violente et sans pitié, elle inspire même la crainte à « son  propre peuple ».

J’ai quand même lu le livre jusqu’à la fin avec le fol espoir que celle-ci serait assez surprenante pour rehausser un peu mon ressenti global mais non … Là encore déception, on ne sait pas ce que deviennent les personnages, si César a pu accomplir la mission que Julie lui avait confiée c’est-à-dire « promouvoir » l’action de Wei-wei et ainsi sensibiliser l’opinion publique occidentale à la situation en Birmanie. Et on ne sait pas plus ce que devient Julie. Donc sentiment d’inachevé, de « tout ça pour rien ».

Fin de spoiler !

Pour conclure, je dirais que ce livre est à lire surtout pour son côté documentaire. Pour le côté romanesque, les amateurs de longs métrages à sensations ou ces dames à tendance fleur bleue-Harlequin pourront probablement se régaler. N’appartenant à aucune de ces deux catégories, j’ai été soulagée d’en terminer avec ce roman.

C’est dommage parce qu’il y avait vraiment matière à faire un magnifique roman bien étoffé. J’aurais voulu être plus plongée au cœur du quotidien de la population, avoir plus de descriptions des paysages et des modes de vie, j’aurais vraiment voulu ressentir la moiteur, l’atmosphère des lieux.

Toutefois, si l’objectif de Christophe Ono-dit-Biot était justement, à l’image de son personnage, de faire connaître la Birmanie à travers son récit, alors dans ce cas, l’objectif est atteint et c’est déjà une belle réussite !

 

 

 

 

 

 

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 16:58

hugo hamilton4ème de couverture :

 

L'Allemagne nazie vit ses derniers jours.
Maria fuit la capitale, tombeau de son fils Gregor. Dans la foule des réfugiés, sa main saisit celle d'un petit garçon : elle nommera l'orphelin du nom de son enfant défunt. Cet héritage va hanter le garçon sa vie durant et le jeter sur les routes de l'Europe. Persuadé d'être juif, il quitte sa famille adoptive, en quête de ses véritables origines...

 

Mon avis :

 

C’est à une véritable réflexion sur l’identité individuelle que nous invite Hugo Hamilton à travers ce roman.

Qu’est-ce qui constitue notre identité ? Nos origines sont-elles si importantes pour la construction de notre individualité ?

Pour Gregor, personnage principal de ce récit, la réponse est oui. Le doute sur ses origines le hantera toute sa vie au point de mettre son couple et les relations avec son fils en péril.

Gregor se cherche, s’invente (ou pas) une origine basée sur les dires d’un vieil ami de la famille. Marqué par une enfance difficile, souffrant de l’absence de sa mère adoptive contrainte de travailler pour subvenir à leurs besoins jusqu’au retour du père du front, élevé de façon stricte par ce père traumatisé par son expérience de la guerre, Gregor n’a que peu connu l’amour et n’a pu, de ce fait, que se sentir étranger à ces gens qui se prétendaient ses parents.

 

On suit donc la vie de Gregor à travers des flashbacks, on aperçoit son enfance, son adolescence, sa rencontre avec sa femme. Mais on est également plongé dans des récits d’une extrême dureté, la guerre, le front, les exodes des réfugiés, les exactions commises par les soldats ennemis sur la population civile.

Etrangement, j’ai ressenti peu d’émotions pendant la première moitié du livre. J’ai trouvé que tout était raconté avec tant de froideur que je ne parvenais pas à me sentir touchée. Puis d’un coup, tout s’est accumulé, la noirceur m’a sauté au visage et j’ai terminé ma lecture en apnée.

J’ai lu ce livre en 2 jours complètement happée et bouleversée par l’histoire de Gregor qui va jusqu’à s’inventer une vie et mentir à son épouse et ses amis. 

 

Alors je me suis demandée comment j’aurais réagi à sa place, si je découvrais que mes parents ne sont pas mes vrais parents et que j’ignore absolument tout de l’identité de mes véritables géniteurs et même de l’endroit d’où je viens.

Est-il possible de se construire réellement et solidement avec un tel manque ?

 

« Chacun a besoin d’une identité, d’un masque, d’une histoire dans laquelle se sentir chez soi, d’une route à suivre. Avec le corps de survivant qui était le sien, Gregor avait réussi à se construire une assez bonne vie. Après tout, ne faisait-il pas bon usage du nom que sa mère lui avait donné, quand bien même ce nom l’éloignait de ses origines ? Qu’il habite ou non l’âme d’un enfant mort, il habitait une âme. Une âme qu’il avait faite sienne. En quoi différait-il de ses semblables ? Ne sommes-nous pas tous en partie inventés ? Êtres vivants et fantômes à la fois. A la fois réels, et inventés. Existant principalement dans le regard des autres – sa famille, ses amis, ses concitoyens. Lui aussi revendiquait une place dans leur imagination. Lui aussi était demi-échec et demi-succès. Individu doté d’une histoire complexe qui tenait peut-être à de la fiction, à laquelle il avait envie de croire, plutôt que de croire à une biographie imposée. »

 

Comme personne est donc un roman très fort, très profond, réfléchi et qui marque. Et en plus, j’y ai appris des choses (et vous savez comme j’aime ça !).

D’ailleurs, je vous propose un petit jeu : savez-vous quel est l’objet représenté sur la photo ci-dessous ?

 

Theremin.jpg

 

 

Pour avoir la réponse, je vous invite fortement à lire Comme personne de Hugo Hamilton (mais pas seulement pour ça non plus hein ?)

Et pour les impatients, un petit indice ici.

 

Je remercie infiniment le site Partage Lecture ainsi que les Editions Points pour m’avoir accordé leur confiance et attribué ce partenariat et donc de m’avoir ainsi permis une si belle découverte. Je lirai sans aucun doute les autres romans de Hugo Hamilton.

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 12:07

La-mort-est-mon-metierBiographie romancée de Rudolf Hoess, commandant du camp d’extermination d’Auschwitz, La mort est mon métier est indéniablement un chef d’œuvre et devrait être lu par tous.

 

C’est avec un incroyable talent que Robert Merle retrace la personnalité et la psychologie d’un des acteurs majeurs de la Shoah. Il s’est appuyé pour cela sur des compte-rendus effectués par les psychologues ayant interrogé Hoess et sur ses propres Mémoires tout en gardant une certaine distance afin de ne pas tomber dans le piège de la subjectivité inhérente à ce que sont des Mémoires.

On suit ainsi la vie et le parcours de Rudolf Lang, de son enfance à sa condamnation aux procès de Nuremberg.

 

Elevé par un père par trop dévôt dans la crainte, Rudolf se réfugie dans le contrôle et la maîtrise de tout ce qui l’entoure : horaires, habitudes, comptage du nombre de ses pas. On sent donc dès son plus jeune âge une certaine forme de pathologie mentale indéniablement causée par celle de son père. Cette volonté d’ordre et de maîtrise, il la retrouve au sein de l’armée puis des corps francs et enfin au sein du parti nazi.

Rudolf est une machine, il obéit aveuglement. Ses uniques valeurs sont : sa patrie l’Allemagne et son honneur qui dépend, comme le veut le slogan des SS, de sa fidélité à son chef.

 

J’ai perçu Rudolf comme quelqu’un de complètement dénué de sentiment, quelqu’un qui ne se pose jamais de questions, il obéit aux ordres qu’on lui donne, point barre. Que les ordres soient immoraux ne le concerne pas, il n’est pas responsable, il ne fait qu’obéir.

J’ai d’ailleurs été très amusée par le passage relatant l’entrevue entre Rudolf et Himmler au cours de laquelle Himmler lui confie le commandement du camp d’Auschwitz ainsi que la charge de mettre au point un système efficace d’élimination en masse d’êtres humains.

A la question de Rudolf « Pourquoi moi ? », Himmler lui répond qu’il a été choisi pour « ses rares qualités de conscience ». Et le plus drôle c’est que là où j’ai vu un aveu foudroyant d’Himmler sur le fait qu’il a pensé à Hoess en tant que personne assez dénuée de conscience pour ne pas rechigner à la tâche, Hoess, lui, pense tout au contraire qu’il a été choisi pour ses qualités exceptionnelles !

 

J’avais vu récemment un film très intéressant dans lequel est relatée une expérience tout aussi intéressante sur la capacité de l’être humain à obéir aux ordres. Cet extrait que je vous mets ici est basé sur le travail du psychologue américain Stanley Milgram.

L'expérience de Milgram est une expérience de psychologie réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram. Cette expérience cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Les résultats font froid dans le dos !

 


 

 

Un autre document essentiel sur ce thème est l’ouvrage de Christopher Browning  Des hommes ordinaires  dont voici le résumé :

browning2.jpgA l'aube du 13 juillet 1942, les hommes du 101ème bataillon de police de réserve allemande entrent dans le village polonais de Josefow. Arrivés en Pologne quelques jours auparavant, la plupart d'entre eux sont des pères de famille trop âgés pour être envoyés au front. Dans le civil, ils étaient ouvriers, vendeurs, artisans, employés de bureau. Au soir de ce 13 juillet, ils se sont emparés des 1800 juifs de Jossefow, ont désigné 300 hommes comme "juifs de labeur", et ont abattu à bout portant, au fusil, 1500 femmes, enfants et vieillards. Ils étaient devenus adultes avant l'arrivée d'Hilter au pouvoir et n'avaient jamais été des nazis militants ni des racistes fanatiques. Pourtant en seize mois, ces hommes vont assassiner directement, d'une balle dans la tête, 38000 juifs, et en déporter 4500 autres vers les chambres à gaz de Treblinka-un total de 83000 victimes pour un bataillon de moins 500 hommes. L'auteur a utilisé les témoignages de 210 anciens de ce bataillon.

Ce livre est dans ma PAL, je ne manquerai pas de le lire prochainement et de vous en faire un compte-rendu sur ce blog.

 

Ce roman de Robert Merle n’est pas seulement essentiel pour apercevoir la psychologie d’un des maillons essentiels de la machine nazie, il permet également de saisir dans sa globalité toute la logistique et tout le cheminement opéré pour parvenir à l’obtention d’un système efficace d’extermination. On voit ainsi quels problèmes se sont posés à Hoess et on entre dans des détails sordides tels que comment tuer beaucoup en moins de temps possible, comment éviter que les juifs condamnés aux douches ne se doutent de ce qui les attend et ne se révoltent etc…

Tout ceci est d’un machiavélisme odieux, c’est à ne pas en croire ses yeux.

 

C’est dire le talent et le travail qu’il a fallu à Robert Merle pour retranscrire de façon si réaliste la psychologie de ces personnages. Le style est fluide. Ce roman se lit d’une traite, en fait on ne le lit pas, on le dévore. J'en recommande donc chaudement la lecture !

 

Bref, La mort est mon métier de Robert Merle est un roman incontournable à lire absolument.

Je remercie infiniment Kactusss d’avoir proposé cette LC et de m’avoir ainsi permis de découvrir cet ouvrage majeur.

 

challengehist

 

Cette lecture entre dans le cadre du challenge Histoire repris par Lynnae .

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